Alors qu’ils coûtent actuellement entre 35 € et 70 €, les visas pour la Russie pourraient voir leurs prix augmenter entre 50 US$ et 300 US$.
D’après le média russe RBC, le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie a préparé et soumis au gouvernement un projet de loi qui prévoit une augmentation des frais de visa ainsi que la suppression de certains avantages liés aux visas pour les citoyens de l’Union européenne, du Danemark, d’Islande, du Liechtenstein, de la Norvège et de la Suisse entrant en Russie.
Conformément à des documents consultés par RBC, ce projet de loi a été élaboré par le ministère des affaires étrangères comme mesure de rétorsion contre les États européens qui ont unilatéralement et totalement suspendu les accords internationaux avec la Russie sur la facilitation mutuelle de la délivrance des visas, y compris l’utilisation de taux de frais de visa accrus, en août 2022.
Selon le quotidien d’affaires, la commission gouvernementale sur les activités législatives a approuvé ce projet de loi le 2 octobre dernier.
Les visas pour la Russie pourraient coûter entre 50 US$ et 300 US$
Pour obtenir un visa Schengen, les citoyens russes doivent actuellement débourser 80 €, auxquels s’ajoutent 35,50 € de frais de services du centre de visas VFS Global.
Avant la suspension totale de l’accord visant à faciliter la délivrance de visas avec la Russie, le prix du visa Schengen était fixé à 35 €.
RBC explique que l’objectif du projet de loi préparé par le MAE russe est de synchroniser la perception des frais de visa russes avec ceux établis par l’UE, le Danemark, l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.
Pour l’heure, et hors frais du centre de visas russes, les frais consulaires du visa pour la Russie s’élèvent à 35 € en délai normal et 70 € pour un traitement en urgence.
D’après la note gouvernementale, le ministère des Affaires étrangères propose que le prix des visas russes augmente en fonction de l’urgence et de la fréquence, allant ainsi de 50 à 300 dollars, et prévoit donc une multiplication par 2,8 des revenus provenant de la délivrance de visas.
Les experts interrogés par RBC estiment que l’augmentation du coût des visas russes est en grande partie une mesure politique et cela n’a « aucun sens économique », déclare Alexandre Kurnossov, vice-président de l’Association des voyagistes de Russie (ATOR).
« Cela aurait un sens économique si un grand nombre de touristes européens venaient chez nous, ce que nous ne voyons pas actuellement. Il n’y a pratiquement pas de tourisme classique en provenance de l’UE », précise Kournossov.
Selon le vice-président de l’ATOR, les hommes d’affaires ou les proches des citoyens russes viennent souvent en Russie avec des visas touristiques. « Une partie importante des soi-disant touristes allemands ou encore américains sont nos anciens concitoyens qui ont obtenu un visa de manière touristique plus simple », ajoute Kurnossov.
Le prix du visa électronique d’entrée en Russie pourrait (lui) baisser
Pour rétablir le flux touristique étranger entrant, la Russie a (ré)introduit son visa électronique le 1er août 2023 pour les citoyens de 56 pays, dont les États européens.
L’e-Visa donne droit à une entrée unique en Russie pour une visite touristique, d’affaires ou encore privé de 16 jours maximum.
Le projet de loi visualisé par RBC souligne également que le prix du visa électronique (e-Visa) s’élève à 52 US$ (environ 50 €) et que ce coût est comparable au prix d’un visa de courte durée à entrée unique en vertu de la législation russe, indiquent ses auteurs.
Le prix du e-Visa pour la Russie pourrait cependant être revu à la baisse, comme l’annonçait il y a quelques semaines Nikita Kondratyev, le directeur du Département de la coopération économique multilatérale et des projets spéciaux du ministère russe du Développement économique.
« Le coût du e-Visa s’élève à 52 US$. Sur la base des résultats de la session sur le tourisme tenue sous la présidence du Premier ministre Mikhail Mishustin, il s’agit maintenant de travailler sur la question de la réduction du coût du visa électronique. Nous y travaillerons en collaboration avec le ministère des affaires étrangères », a déclaré Nikita Kondratyev.
Presque 40 000 visas électroniques délivrés en septembre, selon le MAE russe
Sur son canal Telegram, le Département consulaire du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie (KDMID ou КД МИД) annonce qu’au cours du deuxième mois de mise en œuvre du visa électronique unifié, le nombre d’étrangers ayant apprécié les avantages de l’obtention d’un e-Visa a augmenté de 30 %.
D’après le KDMID, 39 500 candidats ont obtenu un visa électronique le mois dernier, contre 30 000 visas de ce type délivrés en août 2023.
« Dans le classement des pays où le visa électronique est le plus populaire, la Chine, l’Estonie, l’Inde, l’Allemagne et la Turquie occupent les premières places », indique le ministère.
Plus de langues disponibles pour obtenir le visa électronique mais pas moins de questions
Des travaux sont également en cours pour augmenter le nombre de langues proposées par le portail gouvernemental evisa.kdmid.ru utilisé pour la délivrance des visas électroniques. Le site devrait prochainement être traduit en chinois et en arabe.
Cependant, il n’est pas prévu de simplifier le formulaire de demande de visa électronique pour la Russie, car « dans sa forme actuelle, il est à la mesure des menaces existantes pour la sécurité nationale », déclare le ministère des Affaires étrangères au média Izvestia.
En effet, le requérant d’e-Visa doit actuellement répondre à plus de 50 questions, avec entre autres les adresses des écoles où il a étudié, ses derniers lieux de travail, ses compétences en matière d’armes, et fournir des liens vers ses réseaux sociaux.
Le ministère russe des Affaires étrangères estime que « dans la situation internationale actuelle, les informations qu’un citoyen étranger doit fournir pour obtenir un visa électronique sont demandées et proportionnées aux menaces existantes pour la sécurité nationale de la Fédération de Russie, ainsi qu’aux risques d’entrée dans notre pays de personnes indésirables ».
« Un tel questionnaire effraie les touristes et empêche le rétablissement du trafic entrant vers la Fédération de Russie », estime Sergueï Voitovitch, le président de la commission de l’Union russe de l’industrie du tourisme (RST).
« L’introduction du visa électronique est en soi un grand pas de la part du ministère des Affaires étrangères car elle réduit le coût du voyage. Grâce aux visas électroniques, l’entreprise a déjà organisé l’accueil de groupes de touristes du Bahreïn, d’Arabie Saoudite et de voyageurs individuels en provenance de Chine. Mais le système est clairement défectueux. Il faut beaucoup de temps pour remplir les documents et payer l’e-Visa », explique Sergueï Voitovitch à Izvestia.
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