Le Maroc pourrait-il exiger un visa aux Européens ? Face aux difficultés rencontrées par les Marocains pour obtenir un visa Schengen, certains parlementaires appellent à la réciprocité.
Le Maroc pourrait-il bientôt emboîter le pas de la Namibie et exiger un visa d’entrée aux citoyens européens ? C’est en tout cas une proposition qui fait débat au sein du Parlement marocain.
Récemment, les conseillers parlementaires Khaled Setti et Loubna Alaoui ont avancé l’idée d’imposer une telle mesure en réponse aux restrictions de visa appliquées aux Marocains souhaitant se rendre en Europe. Une initiative qui suscite de vives interrogations, tant sur le plan diplomatique qu’économique.
Une question de réciprocité ?
Actuellement, les citoyens de l’Union européenne peuvent entrer au Maroc sans visa pour des séjours de moins de 90 jours. À l’inverse, les Marocains doivent, dans la majorité des cas, obtenir un visa Schengen pour voyager en Europe. Une démarche souvent perçue comme complexe et coûteuse, en raison du taux élevé de refus et des frais engagés, estimés à plusieurs millions d’euros chaque année, non remboursés en cas de rejet de la demande.
En 2023, plus de 136 000 demandes de visa Schengen déposées par des citoyens marocains ont été refusées, générant un coût total de 118 millions de dirhams (environ 11 millions d’euros)…
Face à cette situation, Khaled Setti et Loubna Alaoui, représentant l’Union Nationale du Travail au Maroc (UNTM), estiment qu’il est temps d’établir un équilibre en appliquant la réciprocité. L’idée serait d’exiger un visa aux ressortissants européens afin de réagir aux restrictions imposées aux Marocains. Une mesure qui, si elle venait à être adoptée, constituerait un tournant dans les relations entre le Maroc et ses partenaires européens.
Un impact économique incertain…
Si cette proposition repose sur un principe de réciprocité, son application soulève des inquiétudes, notamment en ce qui concerne son impact sur l’économie marocaine. Le tourisme est l’un des principaux moteurs économiques du pays, et les Européens représentent une part significative des visiteurs étrangers.
En 2024, le Maroc a accueilli 8,8 millions de visiteurs étrangers, provenant majoritairement du continent européen.
Pour certains experts, l’instauration d’un visa pourrait freiner cet élan et dissuader une partie des voyageurs européens de choisir le Maroc comme destination. Des professionnels du secteur touristique alertent déjà sur le risque d’une baisse des arrivées, ce qui pourrait fragiliser de nombreux acteurs économiques, notamment dans des villes comme Marrakech, Agadir ou Fès.
Une décision encore en suspens
À ce jour, cette proposition parlementaire ne s’est pas encore traduite par une décision gouvernementale. Le Maroc continue d’accueillir les citoyens européens sans visa, et aucune annonce officielle n’a confirmé une éventuelle mise en place de cette mesure. Cependant, la question de l’équilibre entre les politiques de visas reste un sujet sensible dans les relations entre Rabat et l’Union européenne.
Il est donc recommandé aux voyageurs européens de rester informés des éventuelles évolutions en matière de politique migratoire. En attendant, le débat sur la réciprocité des visas reste ouvert et pourrait influencer les futures décisions diplomatiques entre le Maroc et ses partenaires européens.
Voyage au Maroc : l’e-Visa, une alternative simplifiée
Depuis juillet 2022, le Maroc a mis en place un système de délivrance de visa électronique (e-Visa) permettant aux voyageurs non exemptés d’obtenir un visa d’entrée en ligne. Cette initiative vise à simplifier les procédures d’obtention de visa et à favoriser le tourisme et les voyages d’affaires.
Le visa électronique peut être demandé depuis le portail gouvernemental www.acces-maroc.ma.
L’e-Visa est généralement délivré en 24 à 72 heures, est valable 180 jours et permet un séjour de 30 jours renouvelable une seule fois. Cette solution numérique réduit les démarches administratives et facilite l’accès au territoire marocain pour les visiteurs internationaux.
Si le Maroc venait à imposer un visa aux Européens, l’option du e-Visa pourrait constituer une alternative pratique et moins contraignante qu’un visa classique.