Alors que le système européen d’autorisation de voyage (ETIAS) n’est toujours pas lancé, son prix initial de 7 euros pourrait déjà être revu à la hausse. En toile de fond : la dette post-Covid que l’Union européenne cherche à résorber.
Prévu pour entrer en vigueur fin 2026, l’ETIAS, l’équivalent européen de l’ESTA américain, devrait coûter 7 euros lors de son lancement. Une somme modique, payée une fois pour trois ans, pour tous les voyageurs des pays exemptés de visa, comme les Britanniques, les Américains ou les Canadiens.
Mais à Bruxelles, certains diplomates évoqueraient déjà une possible augmentation de ce tarif, alors que le système ETIAS n’est même pas encore déployé. En cause : les finances européennes, sous pression.
L’UE cherche des recettes et pourrait revoir (à la hausse) le prix de l’ETIAS
Avec les 350 milliards d’euros de dette contractés pour financer le plan de relance post-Covid, l’UE cherche de nouveaux leviers pour alimenter son budget. Et l’ETIAS, qui pourrait générer quelques centaines de millions d’euros par an, fait partie des pistes évoquées.
Selon POLITICO, le tarif de 7 euros, fixé en 2018, pourrait être ajusté à la lumière de l’inflation, des coûts de développement du système, ou tout simplement pour augmenter les recettes sans alourdir la fiscalité des citoyens européens. Une proposition qui pourrait être discutée dès la présentation du prochain budget européen, attendue le 16 juillet 2025.
Augmentation du prix de l’ETIAS : une recette modeste face à une dette massive
Même si aucune proposition formelle n’a encore été faite, l’idée d’un ajustement tarifaire « progressif » est dans l’air.
« Étant donné que les frais exigés par l’UE pour l’ETIAS sont parmi les plus bas des systèmes comparables dans le monde (les frais pour le système américain ESTA s’élèvent à 21 dollars américains, tandis que le système britannique facture 16 livres sterling), il semble possible d’augmenter progressivement ces frais, ce qui renforcerait le potentiel de recettes à long terme », indique une note interne de la présidence tournante polonaise du Conseil, consultée par POLITICO.
Sur le papier, l’ETIAS pourrait rapporter plus de 200 millions d’euros par an. Mais face aux 25 à 30 milliards à rembourser chaque année dès 2028, cette ressource reste modeste. L’enjeu serait donc autant symbolique qu’économique : montrer que l’UE cherche à diversifier ses recettes sans toucher directement les contribuables.
Au-delà de l’ETIAS, Bruxelles envisagerait également d’introduire une taxe de 2 € sur les colis importés de plateformes en ligne à bas coût, comme Shein ou Temu.
Une mesure politiquement acceptable ?
Cibler les touristes non-européens plutôt que les citoyens semble une stratégie politiquement prudente. D’autant que le principe même de l’ETIAS, payer pour entrer en Europe, est déjà acté.
Reste à savoir si la hausse sera suffisamment discrète pour passer sans heurts, ou si elle alimentera, au contraire, les critiques à l’égard de la bureaucratie bruxelloise.
L’ETIAS, qu’est-ce que c’est ?
L’ETIAS (European Travel Information and Authorisation System) est une autorisation de voyage électronique que devront bientôt obtenir les ressortissants de plus de 60 pays exempts de visa, comme le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, l’Australie ou encore le Japon, pour entrer dans l’espace Schengen.
Inspiré de l’ESTA américain ou encore de l’ETA du Royaume-Uni, ce système a pour objectif de renforcer le contrôle des voyageurs tout en facilitant les entrées. L’autorisation sera valable pour trois ans et permettra de circuler librement dans les 30 pays concernés. Son entrée en vigueur, plusieurs fois repoussée, est désormais attendue pour fin 2026, tandis que l’EES devrait lui être progressivement déployé dès octobre 2025.