Face aux nouveaux enjeux sécuritaires et technologiques, de nombreux pays délaissent progressivement les exemptions de visa traditionnelles au profit d’autorisations de voyage électroniques. Plus rapides, plus sûres et mieux adaptées aux exigences du monde moderne, ces nouvelles formalités transforment la gestion des flux migratoires. Quels sont les avantages de cette évolution et pourquoi les États l’adoptent-ils en masse ? Décryptage.
Les exemptions de visa ont longtemps facilité les voyages internationaux en permettant aux citoyens de certains pays d’entrer dans d’autres sans formalités préalables à leur départ.
Cependant, avec l’évolution des technologies et la nécessité accrue de sécuriser les frontières, les autorisations de voyage électroniques, ou ETA (Electronic Travel Authorization), gagnent en popularité.
Sécurité renforcée
L’une des principales motivations derrière l’adoption de systèmes ETA est le renforcement de la sécurité. Les dispenses de visa traditionnelles permettent aux voyageurs d’entrer sans contrôle préalable approfondi, ce qui peut poser des risques en matière de sécurité nationale.
Les autorisations de voyage électroniques, en revanche, exigent que les voyageurs fournissent des informations personnelles et des détails sur leur voyage avant leur départ. Cela permet aux autorités de réaliser des vérifications de sécurité approfondies et de détecter d’éventuelles menaces avant que les voyageurs n’atteignent les frontières.
Processus simplifié et efficacité administrative
Les ETAs simplifient le processus tant pour les voyageurs que pour les autorités.
Pour les voyageurs, la demande en ligne élimine la nécessité de se rendre physiquement dans une ambassade ou un consulat, réduisant ainsi le temps et les coûts associés.
Pour les autorités, le traitement numérique des demandes permet une gestion plus efficace des données et une réduction de la charge de travail administrative. De plus, les décisions automatisées peuvent accélérer le processus d’approbation, rendant le système plus réactif.
Adaptation aux menaces modernes
Les menaces à la sécurité évoluent constamment, et les systèmes traditionnels d’exemption de visa peuvent ne pas être suffisamment flexibles pour s’adapter rapidement. Les autorisations de voyage électroniques offrent une plateforme dynamique qui peut être mise à jour en temps réel pour répondre aux nouvelles menaces.
Par exemple, en cas de détection d’une menace spécifique liée à un individu ou à un groupe, les autorités peuvent rapidement ajuster les critères de filtrage ou suspendre temporairement les autorisations pour certaines régions.
Collecte de données améliorée
Les systèmes ETA permettent une collecte de données plus complète et précise sur les voyageurs.
Ces informations peuvent être utilisées pour des analyses statistiques, la planification des politiques migratoires et la détection des tendances en matière de voyages. De plus, en disposant de données précises, les autorités peuvent mieux gérer les flux de voyageurs et anticiper les besoins en matière de sécurité et de ressources.
Compatibilité avec les systèmes internationaux
De nombreux pays adoptent des systèmes d’autorisation électronique, ce qui facilite la coopération internationale en matière de sécurité et de gestion des frontières.
Ces systèmes peuvent être interconnectés, permettant un échange rapide d’informations entre les nations. Cette interopérabilité renforce la capacité des pays à identifier et à gérer les risques potentiels associés aux voyages internationaux.
Réduction de la fraude
Les documents papier traditionnels sont susceptibles d’être falsifiés ou altérés.
Les ETAs, en revanche, sont intégrées dans des systèmes numériques sécurisés, rendant la falsification beaucoup plus difficile. Les processus de vérification en ligne peuvent inclure des mesures de sécurité supplémentaires, telles que la vérification biométrique, pour s’assurer de l’authenticité du demandeur.
Flexibilité pour les voyageurs
Les autorisations électroniques offrent une plus grande flexibilité aux voyageurs.
Par exemple, les demandes peuvent souvent être soumises peu de temps avant le voyage, et les approbations sont généralement rapides. Certains systèmes d’autorisation électronique permettent des entrées multiples sur une période donnée, offrant aux voyageurs fréquents une commodité accrue.
Canada, États-Unis, Royaume-Uni, espace Schengen,… de nombreuses destinations adoptent l’ETA
De l’Amérique du Nord à l’Asie, en passant par le continent européen, plusieurs nations ont déjà adopté ce dispositif ou prévoient de le mettre en place dans les prochaines années.
Canada (AVE)
Depuis le 15 mars 2016, le Canada exige une autorisation de voyage électronique AVE pour les voyageurs dispensés de visa qui se entrent dans le pays par avion ou qui y transitent. Les voyageurs n’ont pas besoin d’obtenir une AVE s’ils entrent au pays par voie terrestre ou maritime. Les citoyens de pays dispensés de l’obligation de visa, autres que les États-Unis, doivent obtenir une AVE avant de se rendre au Canada sur le site officiel : canada.ca.
États-Unis (ESTA)
Depuis le 12 janvier 2009, tous les voyageurs bénéficiaires du programme d’exemption de visa (VWP) sont tenus d’obtenir une autorisation de voyage électronique ESTA (Electronic System for Travel Authorization) avant de se rendre aux États-Unis par voie aérienne, terrestre ou maritime. Les voyageurs doivent se connecter sur le site esta.cbp.dhs.gov et remplir en ligne le formulaire de demande. Les demandes peuvent être soumises à tout moment avant le voyage, mais il est recommandé de s’acquitter de cette formalité au minimum 72 heures avant le départ.
Royaume-Uni (ETA)
Depuis octobre 2023, le Royaume-Uni a progressivement déployé son système ETA à ses visiteurs exemptés de visa. Actuellement, 54 pays sont intégrés au programme et leurs ressortissants demander une autorisation avant de voyager dans le pays. À partir du 2 avril 2025, le Royaume-Uni exigera une ETA pour les voyageurs de l’Union européenne. Les visiteurs doivent demander l’ETA en ligne avant leur voyage sur le site du gouvernement britannique : gov.uk.
Union européenne (ETIAS)
L’Union européenne prévoit de mettre en place le Système Européen d’Information et d’Autorisation de Voyage (ETIAS, pour European Travel Information and Authorization System) en 2025 avant une pleine fonctionnalité à l’horizon 2026. Ce système, accessible depuis le site travel-europe.europa.eu, exigera des voyageurs dispensés de visa, y compris les citoyens britanniques, américains ou encore canadiens d’obtenir une autorisation électronique avant de se rendre dans l’espace Schengen.
Israël (ETA-IL)
Israël a également récemment adopté un système d’autorisation de voyage électronique. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, les voyageurs des pays exemptés de visa doivent obtenir une autorisation, appelée ETA-IL, avant de se rendre dans l’État hébreu. Cette autorisation est valable pour des séjours allant jusqu’à 90 jours et est valide pendant deux ans ou jusqu’à l’expiration du passeport. Les demandes doivent être soumises en ligne, idéalement entre un mois et 72 heures avant le voyage sur le portail : israel-entry.piba.gov.il.
Corée du Sud (K-ETA)
La K-ETA (Korea Electronic Travel Authorization) est une autorisation électronique de voyage mise en place par la Corée du Sud en septembre 2021 pour les voyageurs exemptés de visa. Son coût est de 10 000 KRW (environ 7 €) et elle est valable trois ans, permettant des séjours multiples dont la durée varie selon la nationalité. Toutefois, afin de dynamiser le secteur touristique, le gouvernement sud-coréen a décidé de prolonger jusqu’au 31 décembre 2025 l’exemption temporaire de K-ETA pour les ressortissants de 67 pays, dont la France, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse ou encore le Canada. Ainsi, les voyageurs éligibles peuvent se rendre en Corée du Sud sans solliciter de K-ETA jusqu’à cette date. Il est à noter que les personnes âgées de moins de 18 ans et de plus de 64 ans sont également exemptées de cette autorisation depuis juillet 2023. La demande de K-ETA peut être réalisée depuis le portail : k-eta.go.kr.
Thaïlande (ETA ?)
La Thaïlande envisage sérieusement d’introduire une ETA en 2025. D’ici la fin de l’année, les voyageurs des 93 pays bénéficiant actuellement d’une exemption de visa pourraient avoir à obtenir une ETA avant leur arrivée en Thaïlande, que ce soit par voie aérienne, terrestre ou maritime. De plus, à compter du 1er mai 2025, tous les voyageurs devront remplir un formulaire d’immigration en ligne nommé Thailand Digital Arrival Card (TDAC).
