Le prix de l’autorisation de voyage électronique ETIAS, attendue pour fin 2026, passe de 7 € à 20 €. Cette décision de la Commission européenne vise à couvrir les coûts du système et à l’aligner sur les standards internationaux. Plusieurs acteurs du tourisme européen expriment toutefois leurs réserves…
Le 17 juillet 2025, la Commission européenne a annoncé que le prix de l’ETIAS s’élèverait finalement à 20 € lors de son entrée en vigueur. Envisagée depuis quelques mois, cette augmentation tarifaire est désormais clairement indiquée sur le portail officiel de demande de la future autorisation de voyage électronique : travel-europe.europa.eu/etias.
Initialement fixé à 7 € dans les premières communications autour du projet, ce montant s’appliquera au moment de l’entrée en vigueur du système, prévue pour le dernier trimestre 2026.
L’ETIAS (European Travel Information and Authorisation System) concernera les ressortissants de pays dispensés de visa souhaitant voyager dans l’espace Schengen pour des courts séjours (jusqu’à 90 jours sur une période de 180 jours). L’autorisation sera valable trois ans, ou jusqu’à expiration du passeport.
Une hausse du prix de l’ETIAS pour « couvrir les coûts opérationnels du système«
Dans sa communication officielle, la Commission justifie notamment cette augmentation par la nécessité de garantir le fonctionnement efficace et durable du système.
« Cette augmentation vise à couvrir les coûts opérationnels du système européen d’information et d’autorisation concernant les voyages (ETIAS), compte tenu de la hausse de l’inflation depuis la fixation des frais précédents et des fonctionnalités accrues du système », annoncent les autorités européennes.
La Commission précise également que certaines catégories de voyageurs resteront exemptées du paiement, notamment les mineurs, les personnes de plus de 70 ans et certains membres de famille de citoyens européens.
Une comparaison internationale assumée
La Direction générale des migrations et des affaires intérieures détaille aussi que cette mesure « alignera également les frais sur ceux d’autres programmes d’autorisation de voyage similaires, tels que l’ETA britannique et l’ESTA américain ».
Le tableau ci-dessous permet de situer l’ETIAS dans le paysage international des autorisations de voyage électroniques pour les voyageurs exemptés de visa :
| Système | Prix | Validité |
|---|---|---|
| ETIAS (UE) | 20 € | 3 ans |
| ESTA (États-Unis) | 21 USD (≃ 18 €) | 2 ans |
| ETA (Royaume-Uni) | 16 GBP (≃ 18 €) | 2 ans |
| AVE (Canada) | 7 CAD (≃ 5 €) | 5 ans |
| K-ETA (Corée du Sud) | 10 000 KRW (≃ 7 €) | 3 ans |
| ETA-IL (Israël) | 25 ₪ (≃ 7 €) | 2 ans |
| NZeTA (Nouvelle-Zélande) | 117 NZD (≃ 60 €) | 2 ans |
| eVisitor (Australie) | Gratuit | 1 an |
Une mesure déjà critiquée par le secteur du tourisme
Dans un récent communiqué, plusieurs organisations représentatives du secteur européen du tourisme ont exprimé leur inquiétude quant aux conséquences de cette hausse. Parmi les signataires figurent notamment ETOA, HOTREC, A4E, IAAPA et IRU.
« La hausse des redevances proposée soulève des questions quant à sa proportionnalité et son équité, à un moment où le secteur touristique européen continue de subir les pressions combinées de l’instabilité géopolitique, d’une inflation élevée et de la hausse des coûts opérationnels », indique le communiqué.
Les professionnels du secteur du tourisme en Europe précisent que « cette augmentation semble disproportionnée et va à l’encontre de l’intention initiale des colégislateurs (Parlement européen et Conseil), qui s’étaient mis d’accord sur une redevance modeste et raisonnable lors des négociations de 2018, un résultat essentiel soutenu par le secteur du voyage et du tourisme ».
Leur position repose sur plusieurs points :
- Le tarif de 20 € est considéré comme élevé au regard du compromis initial de 7 € négocié en 2018.
- Le manque de transparence est souligné : aucune évaluation d’impact publique ni comparaison avec des alternatives tarifaires intermédiaires (par exemple 10 ou 12 €) n’a été présentée.
- Les organisations demandent que les recettes excédentaires générées par l’ETIAS soient réinvesties dans des projets liés au tourisme, comme les infrastructures ou la formation.
Un système en construction, entre efficacité et acceptabilité
Avec un tarif désormais fixé à 20 €, l’ETIAS entre dans une nouvelle phase de son développement.
Si ses objectifs sont clairs, sécurisation des frontières, harmonisation des procédures, autofinancement, sa mise en œuvre devra encore convaincre sur plusieurs fronts. L’acceptabilité de la mesure par les voyageurs, la fluidité du processus d’enregistrement, ainsi que la répartition équitable des recettes générées figureront parmi les indicateurs clés de succès.
Alors que l’échéance approche, le dialogue entre institutions européennes et professionnels du secteur s’annonce crucial. L’ETIAS ne sera pas seulement un outil technique de contrôle, mais un nouveau point de contact entre l’Europe et ceux qui la visitent. Il lui appartiendra de conjuguer rigueur et hospitalité.
