Le Kenya envisage d’augmenter ses frais sur certains services gouvernementaux, notamment en matière d’immigration, et le prix du visa d’entrée pourrait ainsi doubler.
C’est une nouvelle qui a été accueillie avec stupeur hier par les citoyens kényans, dont le pays dépend grandement du tourisme.
Alors que le Kenya s’apprête, selon son président William Ruto, à révolutionner ses politiques d’immigration en dispensant les citoyens africains de visa « d’ici fin décembre » et possiblement pour tous les voyageurs en 2024, le gouvernement a accordé le pouvoir au Département d’État pour l’immigration et les services aux citoyens de réviser les frais (à la hausse) sur ses services quelques jours après ces annonces…
Un avis spécial a été publié ce 7 novembre 2023 au journal officiel kényan, The Kenya Gazette, stipulant une hausse tarifaire de certains services, entre autre pour la délivrance des passeports, des cartes d’identité et des visas aux étrangers.
Avant que le pays n’introduise une exemption massive de visa pour les touristes, comme déclaré récemment par son président, les visiteurs étrangers ont aujourd’hui besoin d’un visa pour voyager au Kenya, et plus précisément d’un visa électronique (e-Visa).
Alors que ce visa en ligne pour effectuer une simple entrée au Kenya coûte actuellement 50 US$, soit environ 47 €,le gouvernement kényan envisage de doubler ce prix et de l’augmenter ainsi à 100 US$, soit presque 94 €. Le prix du visa électronique à entrées multiples passerait lui de 100 US$ à 500 US$.
La justice kényane suspend l’augmentation du prix du visa
Au rayon des nouveautés, le document gouvernemental mentionne la création d’un Business Visa, dont le prix serait fixé à 1000 US$, ainsi que d’une Autorisation de Voyage Électronique (Electronic Travel Authorization ou ETA) pour un tarif de 30 US$. Tandis qu’il est en ce moment possible de prolonger son visa auprès de l’immigration sans frais, une extension de visa après 6 mois sur place coûtera 200 US$ et les frais d’Overstay s’élèveront à 100 US$.
Ces nouveaux frais, essentiellement ceux concernant les documents d’identité, ont suscité un mécontentement généralisé parmi les citoyens kényans, dont beaucoup se sont tournés vers les réseaux sociaux pour exprimer leurs inquiétudes et leurs frustrations, jusqu’à un nouveau rebondissement ce jeudi 9 novembre.
En effet, la Haute Cour kényane vient aujourd’hui de temporairement empêcher le gouvernement d’imposer cette augmentation des frais pour ces services après qu’une plainte ait été déposée au tribunal par un « simple » citoyen afin de contester les frais de renouvellement de sa carte d’identité, passés de 100 à 2 000 shillings kenyans.
Le juge Lawrence Mugambi, de la Haute Cour de Nairobi, a émis une ordonnance conservatoire suspendant cet avis spécial en attendant d’examiner cette décision gouvernementale.
« Une ordonnance conservatoire est émise pour suspendre les avis de la Gazette n° 15239 à 15242 datés du 6 novembre 2023 et/ou tout autre document censé donner l’autorisation d’augmenter ou de réviser les frais/droits/prélèvements spécifiés dans ces avis, en attendant l’audition et la détermination de cette demande inter-partes », peut-on lire en partie dans l’ordre judiciaire.
Une décision finale devrait être annoncée d’ici le 29 novembre 2023.